« Célibat » et « Adultère » dans les dictionnaires de l’Ancien-Régime

 

Célibat et religions

De toutes les religions du monde, le bouddhisme et le christianisme sont les seules à édicter à l’usage de leurs officiants de stricts interdits regardant le mariage et toute activité d’ordre sexuel. Ici, je laisserai de côté toutes les réflexions sur la position des bouddhistes, et ne parlerai que des chrétiens. Au sein du christianisme européen, le célibat ecclésiastique fut toujours l’objet des controverses les plus vives. Ses partisans comme ses détracteurs, croyants ou incroyants, se sont toujours accordés à en faire une des institutions les plus fondamentales et à y voir un des traits les plus nettement distinctifs du christianisme. On sait quelles conséquences majeures en résultèrent. Ainsi, les Églises protestantes, malgré leur étonnante diversité, n’imposent ni ne proposent le célibat à leurs évêques et ministres.

La population franҫaise sous l’Ancien-Régime

Entre 1715 et 1789, la population française aurait augmenté d’un tiers, soit de vingt à vingt-six millions d’individus. Or la question de la population constituait, pour les économistes du XVIIIe siècle, un prisme commode et en quelque sorte populaire permettant d’aborder l’étude de la production, de la consommation, et de la répartition des biens. Il est donc naturel que Diderot s’y soit plus d’une fois arrêté. Ainsi écrit-il par exemple, dans l’article HOMME de l’Encyclopédie : « L’homme vaut par le nombre ; plus une société est nombreuse, plus elle est puissante pendant la paix, plus elle est redoutable dans les temps de guerre. Un souverain s’occupera donc sérieusement de la multiplication de ses sujets. Plus il aura de sujets, plus il aura de commerҫants, d’ouvriers, de soldats » (t. VIII, p. 278b).

À partir de ce texte du Philosophe, Jacques Proust a tiré une explication pertinente de l’état perpétuel d’agitation dans lequel se trouve plongé le débat interminable autour du célibat sacerdotal :

C’est, assez curieusement, par le biais de la démographie que les questions religieuses se trouvent le plus souvent liées aux questions économiques, au XVIIIe siècle. Les attaques contre les couvents et les moines sont fréquentes en effet chez les économistes, qui les justifient généralement de deux manières. Les réguliers sont des citoyens improductifs, qui accaparent des biens sans participer à leur création, et d’autre part leurs vœux de célibat et de chasteté les empêchent de contribuer à l’accroissement de la population [1].

I La guerre dans les dictionnaires [2]

Je me propose, dans la suite de ce texte, de livrer une synthèse des investigations que j’ai menées sur un vaste corpus d’articles, en passant en revue une sélection de la série copieuse de dictionnaires dont ils sont issus. Toute la production que j’ai consultée s’échelonne de la fin du XVIIe à la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il est extrêmement intéressant de constater que, pendant cette période appelée communément « l’Ancien Régime », les dictionnaires ne se limitaient pas à leur fonction d’ouvrages de référence destinés à recueillir la totalité des mots d’une langue, mais servaient également de lieu de discussion, de débat, de controverse, offrant un réceptacle à la confrontation, parfois violente ou passionnée, des opinions contraires sur toutes espèces de sujets, politiques, scientifiques, littéraires, et peut-être surtout religieux. Prenons par exemple les articles CÉLIBAT (Hist. anc. & mod. & Morale.), et Adultere (Morale.) et observons leur récurrence sur la durée d’un siècle, du Dictionnaire universel de Furetière à la dernière édition du Trévoux : cette matière profuse est constamment alimentée par les polémiques qui mettent aux prises les lexicographes, les historiens, les jésuites, les jansénistes, les huguenots, les philosophes, ou par les disputes plus mesurées qu’ils entretiennent, pour ou contre le mariage ou le célibat religieux. Au noyau conceptuel du « célibat » s’agrègent quelques thèmes contigus : le « mariage », la « famille », la « virginité », la figure du « moine », l’« adultère », etc. Ce dernier thème mérite une attention particulière, car il forme avec le célibat un couple notionnel qui marque une déviation notable par rapport à la situation maritale. Sommairement, les débats se répartissent en deux ensembles : d’un côté, une veine morale et religieuse, attachée à l’amour, à la sexualité, à la virginité ; de l’autre, une thématique sociale et politique, qui comprend assez souvent des questions de démographie. La configuration polémique des discours et des opinions oppose naturellement les catholiques, apologistes du célibat, aux protestants et aux philosophes, hostiles à ceux qui prônent la chasteté.

Le Dictionnaire universel de Furetière et de Basnage de Beauval

Partons d’une évidence. De la fin du XVIIe siècle à la période des Lumières, on a vu publier tant de dictionnaires, tant d’articles sur le célibat et sur l’adultère, que je serai obligé ici d’opérer une sélection drastique au sein de cet énorme corpus lexical et polémique. C’est le dictionnaire de Furetière (1690) qui me fournira le point d’entrée de mon enquête. Dans l’article CÉLIBAT, Furetière inaugure un nouveau procédé d’explication, en invoquant Scaliger pour expliquer l’étymologie grecque de ce terme [3]. Cette méthode fera florès dans bon nombre de dictionnaires postérieurs [4]. Henri Basnage de Beauval, né à Rouen, mais réfugié en Hollande après la révocation de l’édit de Nantes, reprit le Dictionnaire universel de Furetière, dont il donna une édition considérablement augmentée en 1701 [5]. Cet ouvrage fut considéré comme l’« édition protestante du Furetière ». Il comporte un article CÉLIBAT sensiblement augmenté (36 lignes) par rapport à celui de Furetière (6 lignes), car Basnage cite abondamment d’anciens textes hostiles au célibat ecclésiastique. Un des grands mérites du dictionnaire de Furetière-Basnage est d’avoir établi un modèle premier, un prototype de dispositif rédactionnel pour un article de dictionnaire frotté de références religieuses et polémiques. On part toujours de la définition, que l’on illustre ensuite d’un certain nombre d’exemples historiques tirés des actes des conciles œcuméniques, et que l’on relie pour finir à l’étymologie grecque ou latine.

Basnage vs Trévoux

La publication en 1701 du dictionnaire de Basnage-Furetière déclencha une série de polémiques entre les deux camps : les jésuites franҫais et les huguenots hollandais. La première édition du Trévoux, qui parut en 1704, fut préparée sous l’égide de Richard Simon, et conçue comme une sorte de réécriture de l’édition Furetière-Basnage [6]. Elle reprenait l’essentiel du Furetière de 1701, en l’expurgeant des notions jugées anticatholiques, et en ajoutant d’importants articles sur les sectes et les hérésies, sans faire aucune mention de ses deux prédécesseurs. Arrêtons-nous un moment sur cette première édition du Trévoux[7] (1704), pour voir comment les modifications apportées par les jésuites au texte de Basnage en ont astucieusement altéré la signification.

Basnage 1701 : Les éloges outrés que Tertullien a donnés à la chasteté firent trouver une plus grande perfection, et une plus grande pureté dans le célibat.

Trévoux 1704 : Les éloges outrés que Tertullien a donnés à la chasteté firent trouver une plus grande perfection, et une plus grande pureté dans le célibat.

Basnage 1701 : Cependant les grands applaudissements qu’on donna au célibat, et les raisons spécieuses de ses partisans ne laissèrent pas de faire impression.

Trévoux 1704 : Cependant les grands applaudissements qu’on donna au célibat, et les fortes raisons spécieuses de ses partisans ne laissèrent pas de faire impression.

Basnage 1701 : Gregoire VII acheva presque de réduire les Ecclésiastiques sous le joug du célibat.

Trévoux 1704 : Gregoire VII acheva presque de réduire les Ecclésiastiques à la loi sous le joug du célibat.

Comme on le voit, quelques légères retouches ont suffi à changer complètement le sens des phrases. Procédé génial et insidieux de transformation textuelle perfectionné par les pères jésuites. Pour l’article ADULTÈRE, l’auteur donne pour la première fois un supplément intéressant au texte de Furetière au sujet du divorce. Les paroles du Christ sur l’adultère y sont citées et longuement commentées à grand renfort d’exemples fournis par les Pères, par les Canons des Conciles, etc.

Les Grecs et même toutes les autres Sociétés Chrétiennes du Levant, font dans cette pratique, que l’adultère rompt le lien du mariage ; en sorte qu’en ce cas là, et même en plusieurs autres, le mari peut épouser une autre femme. Ils s’appuient pour ce qui est de l’adultère sur ces paroles de J.C. au chap.19 de S. Matthieu v.9. Quiconque répudie sa femme hors le cas d’ADULTÈRE, et en épouse une autre, devient adultère [8].

Selon l’auteur de l’article, Jésus semble admettre le divorce quand la femme commet l’adultère. En alléguant une telle autorité, il donne son assentiment à la requête des ambassadeurs de Venise visant la dissolution du mariage, tout en exprimant quand même une réserve à la fin du paragraphe : « Il faut néanmoins avouer que les Grecs et les autres Chrétiens d’Orient rompent trop facilement leurs mariages, sous prétexte de se conformer en cela aux loix Canoniques et Civiles.»

À partir de l’édition de 1721, le Trévoux connaît une expansion textuelle notable. De trois volumes en 1704, il passe à cinq en 1721. Cet allongement va de pair avec un déploiement de la nomenclature, qui s’ouvre à de nouveaux lexiques spécialisés, ainsi qu’avec un enrichissement de la teneur encyclopédique des articles. De ce point de vue, l’édition suivante, celle de 1743, ne diffère pas sensiblement de celle de 1721. On sait que les encyclopédistes prendront le Trévoux de 1743 pour base des premiers volumes de leur ouvrage, mais derrière l’édition de 1743, il faut toujours avoir en vue la valeur matricielle de l’édition de 1721. Etienne Souciet fut le maître d’œuvre, non seulement des deux éditions de 1721 et de 1743, mais également d’un Supplément qu’il laissa inédit à sa mort. C’est encore lui qui composa, de surcroît, la majeure partie de l’édition de 1752.

La réédition du Trévoux en 1721 mérite qu’on lui prête attention car son article ADULTÈRE ouvre la voie à tous les discours postérieurs, religieux ou antireligieux, sur le célibat et l’adultère. Un témoignage éloquent de l’évolution, dans un sens de plus en plus agressif, des stratégies discursives adoptées par les auteurs du Trévoux, est apporté par la manière très critique dont ils se distancient du commentaire, cité ci-dessus, qu’inspiraient à leurs prédécesseurs les paroles du Christ sur le divorce.

L’auteur de l’article de 1721 porte un jugement sévère aussi bien sur la requête des Grecs lors du Concile de Trente, que sur l’interprétation laxiste de l’épisode biblique dans l’édition précédente du Trévoux. Il lui oppose cette réfutation vigoureuse :

C’est trop peu dire ; le sentiment qu’on vient de rapporter est absolument faux. Les paroles de S. Matthieu ne prouvent point que le mariage consommé puisse être dissolu par l’adultère, elles prouvent même le contraire. En effet, ces paroles […] prouvent seulement, qu’en cas d’ADULTÈRE la partie innocente peut se séparer de la partie coupable ; mais non pas qu’elle puisse se marier à une autre, et que le premier mariage soit dissolu [9].

Ces lignes sans concession fixent le repère à partir duquel se détermineront désormais les prises de position des éditions suivantes du Dictionnaire de Trévoux sur la possibilité d’une dissolution du mariage en cas d’adultère. Les éditions de 1732, de 1752, et de 1771, en attestent.

II Diderot et son article CÉLIBAT

Dans l’article CÉLIBAT (Hist. anc. & mod. & Morale.) de l’Encyclopédie, Diderot rassemble les arguments les plus topiques contre le célibat religieux. Ce texte n’est du reste qu’un pot-pourri de différents auteurs que Diderot cite textuellement, non point pour faire parade de son érudition, mais pour montrer à ses lecteurs, et surtout à ses adversaires, que tous les esprits de qualité, même ceux dépourvus de parti pris « philosophique », s’accordaient à critiquer l’institution du célibat ecclésiastique. Sont invoqués à l’appui de la démonstration Henri Morin, Fleury, Thomassin, Montesquieu, l’abbé de Saint-Pierre, Melon, etc. L’article, long de sept cents lignes, est incontestablement le plus volumineux des textes du corpus qui nous occupe. Je me bornerai à en rappeler brièvement le début, particulièrement révélateur de l’esprit laïque de Diderot :

[Le célibat] est l’état d’une personne qui vit sans s’engager dans le mariage. Cet état peut être considéré en lui-même sous trois aspects différents: 1°. eu égard à l’espèce humaine; 2°. à la société; 3°. à la société chrétienne. (t. II, p. 801b)

Cette triple approche tranche sur les axes habituels du débat par son orientation nettement séculière et moderne, là où la plupart des auteurs qui ont traité auparavant du célibat et du mariage inscrivent la question dans un contexte religieux qui va de soi à leurs yeux.

Jaucourt face à Chambers

La première édition de la Cylopaedia, publiée en 1728, ne présente aucune originalité dans ses articles CELIBATE, CELIBACY [10] ou ADULTERINE ; ADULTERY, Adulterium [11]. Chambers, d’ailleurs plutôt coutumier de ce procédé, ne fait rien d’autre que de plagier le Furetière ou le Basnage. Je ne m’engagerai pas ici dans une discussion à n’en plus finir pour savoir quelle édition de la Cylopaedia les encyclopédistes ont utilisée pour leur projet de traduction de Chambers [12]. Dans l’état actuel de nos recherches, il n’est pas possible d’identifier l’édition de la Cylopaedia correspondant à chaque mention du nom de Chambers dans des articles de l’Encyclopédie. Ce qui m’intéresse ici, c’est la publication en 1753 du supplément à la Cyclopaedia [13]. On trouve, dans le livre de dépenses tenu par Briasson, un des libraires associés de l’Encyclopédie, la notice suivante : « 843 : Le nouveau supplément de Chambers, tiré de Londres remis à M. David 150 [livres] [14] ». Cette notice date en effet de l’année 1753. On peut donc en déduire que dès l’année suivante, à partir du tome IV de l’Encyclopédie, paru en octobre 1754, des emprunts textuels à ce nouveau Supplément de Chambers sont susceptibles d’être décelés, ou du moins des traces de sa lecture et de son influence. De fait, au tome VI, publié en octobre 1756, le chevalier de Jaucourt en fait mention à la fin de son article Femme adultere (la) Théol. Critiq. : « Je tire cet article de l’Encyclopédie anglaise (supplément); il est court, précis, & met en état de connaître les raisons des uns & des autres, en indiquant les sources où l’on peut s’en instruire à fond » (t. VI, p. 478b-479a).

Jaucourt s’appuie largement sur le grand article ADULTERESS du Supplément, notamment au sujet de l’épisode du « Christ et [de] la femme adultère » qui est raconté au chapitre 8 de l’Évangile selon Jean (versets 1-11). Par rapport au texte de Jaucourt, qui se limite à cette anecdote biblique, l’article du Supplément se distingue par la diversité de ses arguments, surtout juridiques, et par l’ampleur de son information bibliographique. Jaucourt, quant à lui, exploite au maximum cette information au profit de sa rédaction. Curieusement, on est frappé, dans le Supplément et bien sûr dans l’article de Jaucourt, par le fait que les livres et les périodiques cités dans la liste des références sont plutôt datés. À peine vont-ils jusqu’aux années 1710. On pourrait presque croire que le rédacteur de l’article ADULTERESS était Chambers lui-même, mort, il est vrai, en 1740, mais qui avait, dit-on, laissé un grand amas de feuilles manuscrites en vue d’une révision ultérieure de son dictionnaire [15].

III. Panckoucke et son Encyclopédie méthodique

Panckoucke, fils d’un libraire, compte à son actif plusieurs travaux littéraires et entreprises éditoriales, au premier rang desquelles l’Encyclopédie méthodique (1782 à 1832). Ce gigantesque ouvrage (157 volumes de textes et 40 volumes de planches), qui se place sous le patronage de Diderot et de D’Alembert, se distingue de son modèle original en certains aspects : une division des matières en sections indépendantes, au lieu de l’ordre alphabétique ; une tendance à la spécialisation scientifique et technique, à la place d’un répertoire universel des connaissances humaines ; une attitude plus respectueuse de l’ordre établi que la première Encyclopédie, qui cédait souvent à la polémique agressive. Mais ces nuances n’affectent pas le grand débat sur le mariage et le célibat : en la matière, la Méthodique montre une étonnante conformité aux leҫons de Diderot, et cela dès le début de l’article CÉLIBAT :

CÉLIBAT, Célibataires, s.m. (Droit naturel, ecclésiastique et politique) le célibat est l’état des célibataires, c’est-à-dire des personnes qui vivent sans s’engager dans le mariage.

Rien de mieux vu sur le célibat que l’excellent article de M. Diderot, dans l’ancienne Encyclopédie [16].

L’article est d’une taille imposante, mais l’auteur suit de près le texte de Diderot, lui-même composé, comme on le sait, de larges emprunts à Morin, à Montesquieu, à Melon, etc. Vers la fin, il formule une proposition concrète et ingénieuse à propos du célibat des citoyens laïques, sujet que Diderot n’abordait point dans son article. Prenant pour modèle les anciens Romains, l’auteur propose, « pour donner un certain esprit général qui portât à la propagation de l’espèce », des récompenses destinées aux pères de familles nombreuses :

Ne pourrait-on pas former tout le système de la répartition des impositions sur la proportion du nombre des enfants ?

Des pensions, des récompenses proportionnelles seraient données à tous ceux qui auraient dix enfants, et au-delà ; ceux qui en auraient huit, jouiraient d’une exemption, d’une franchise très-étendues ; ceux qui en auraient plus de quatre, jouiraient d’une modération dans la contribution ; la charge seroit rejetée sur ceux qui auraient moins de quatre enfants ; elle seroit rejetée principalement sur les célibataires d’un certain âge ; on quadruplerait, décuplerait même contre les célibataires, la taxe à laquelle le père de famille aurait été assujetti avec les mêmes biens, non pas pour forcer au mariage par la contrainte, mais parce qu’il est équitable d’imposer davantage ceux qui n’ont pas de charge de famille, et qui n’élèvent point de citoyens à la patrie ; l’imposition pourrait être énorme pour ceux qui occupent un grand nombre de laquais, de domestiques de gagistes célibataires[17].

IV Le sort du Trévoux après la dissolution de la Compagnie de Jésus

L’« affaire Lavalette » (c’est le nom que l’on donne à un scandale financier ayant touché la Compagnie à la suite de la banqueroute d’Antoine Lavalette) offre à Louis XV l’occasion opportune d’interdire par décision royale la Compagnie de Jésus et de la bannir de France en 1763-64. En conséquence, les deux cents collèges qu’elle compte dans le royaume sont alors fermés.

On peut se demander comment le Dictionnaire de Trévoux a pu survivre, dans cette situation catastrophique, jusqu’à sa dernière édition de 1771, et surtout comment les deux articles CÉLIBAT et ADULTÈRE, après leur publication dans les premiers tomes de l’Encyclopédie, en 1751 et 1752, ont pu trouver un écho différé dans la dernière édition du Trévoux, alors que celles de 1752 et de 1762 étaient complètement vierges de cette influence. C’est en 1771 en effet qu’apparaît un ajout de dix-neuf lignes, inséré dans l’article CÉLIBAT pour apporter la réponse assez nuancée des pères jésuites aux attaques de Diderot contre le célibat religieux[18]. L’auteur de ce fragment, à notre grand étonnement, se range à l’opinion de Diderot en reconnaissant que Dieu n’interdit jamais à ses ministres de se marier. De façon non moins surprenante, il clôt son article par un double renvoi aux ouvrages de Morin et de Saint-Pierre, alors que ces deux auteurs sont parmi ceux que Diderot tient en prédilection. On mesure, à ces deux faits, combien ce dernier est loin de remplir le rôle que l’on aurait pu attendre de lui, celui d’ennemi irréductible.

L’article ADULTÈRE présente un changement encore plus drastique [19]. L’auteur en supprime carrément le passage où la reproduction des paroles de Jésus-Christ est traditionnellement assortie, par tous les auteurs (dont le père Souciet), d’une vive condamnation, au motif d’hérésie, des revendications présentées par les Grecs et les ambassadeurs de Venise lors du Concile de Trente, en faveur d’une dissolution du mariage en cas d’adultère. Cette volte-face extraordinaire et totalement inattendue est pourtant justifiée dans la longue préface qui figure en tête du tome premier :

Si l’on a eu tant d’exactitude à expliquer les différentes Sectes de Religions étrangères, on en a encore plus apporté sur ce qui regarde les Sectes particulières qui partagent la Religion Chrétienne, et les Hérésies diverses qui en sont sorties ; mais on n’a point perdu de vue la nature de l’ouvrage auquel on travaillait. On s’est contenté d’exposer les opinions sur lesquelles ces Hérésies sont fondées, et d’une manière simple, sans sortir des bornes d’un Dictionnaire, où l’on ne doit toucher ces matières qu’autant qu’elles sont du ressort de la Grammaire, et que les termes qui leur sont particuliers, font partie de la langue[20].

L’auteur de la Préface insiste sur l’impératif d’impartialité découlant du caractère lexicographique de son ouvrage : telle est la source des remaniements introduits en grand nombre dans les passages des éditions antérieures jugés trop doctrinaux ou agressifs. Cet art subtil du compromis dans l’adversité nous incline à considérer avec une tendre sympathie les déplorables vicissitudes qu’eurent à subir les pères jésuites de cette malheureuse époque.

Un intermède comique : Chaumeix

Le janséniste Abraham Chaumeix (1730-1790) travailla sans relâche à saper le discours de l’Encyclopédie et à accabler d’opprobre l’ouvrage d’Helvétius, De l’Esprit. Il ne consacre à cette mission pas moins que les huit volumes de ses Préjugés légitimes contre l’Encyclopédie (1758-59). Un autre texte, La petite encyclopédie, publiée beaucoup plus tard sous sa signature, mais d’attribution assez douteuse, contient un article intitulé ADULTÈRE, qui offre un bel exemple de ce type de prose antiphilosophique. J’en donne ici un bref extrait, chargé d’ironie :

D’ailleurs, si, selon le principe d’un de nos Sages, quiconque est capable d’aimer est vertueux, lorsqu’un mari n’aimera point sa femme, il pourra, il devra même aimer ailleurs, pour être capable de devenir vertueux. Alors l’ADULTÈRE ne sera plus un crime, il sera même une vertu[21].

V Une attaque sérieuse : le pasteur Mingard, dans l’Encyclopédie d’Yverdon

Jetons maintenant un coup d’œil sur l’Encyclopédie d’Yverdon. Les 42 volumes de texte in-quarto qui la composent sortirent des presses entre 1770 et 1780[22], suivis, entre 1775 et 1780, de 6 volumes de suppléments et de 10 volumes de planches. La direction de cette ambitieuse entreprise fut assurée par Fortuné-Barthélemy de Félice (1723-1789). Celui-ci, d’origine italienne, après avoir abjuré la foi catholique, s’installa en 1762 à Yverdon, où il fonda sa propre maison d’édition, dans le but de refaire l’Encyclopédie de Paris selon des principes entièrement opposés : censé délivrer un message protestant, anticatholique et antimatérialiste, son grand œuvre empruntait en réalité les deux tiers de ses articles à son illustre modèle. Pour souligner cependant la démarcation qu’il prétendait opérer, il forgea une signalétique distinguant les nouveaux articles, au moyen du sigle (N), les articles retravaillés, désignés par le sigle (R), et ceux qui ont été complétés, marqués par un astérisque (*).

L’article CÉLIBAT, aux dimensions démesurées, compte 2826 lignes[23]. Le sigle (R), inscrit après la vedette, est là pour avertir que l’article de Diderot a été réécrit. Le signataire (G.M.) est Gabriel-Jean-Henri Mingard (1729-1786), pasteur suisse. La part de la rédaction qui lui revient en propre occupe 96% de l’article, et prend des distances avec le texte de Diderot. Un auteur anonyme s’est chargé de la dernière partie (110 lignes) ; mais son apport se réduit à une pâle copie du texte parisien. Dans la section principale, due à la plume de Mingard, le célibat catholique est sous le feu de vives critiques, comme si l’auteur avait voulu respecter les dernières volontés d’Henri Basnage de Beauval, le successeur protestant de Furetière. La ligne anticatholique est d’emblée manifeste, dès la définition liminaire du célibat : « On nomme ainsi dans le langage commun et ordinaire, l’état volontaire d’une personne qui pouvant se marier, ne se marie pas. On nomme célibataire, toute personne qui volontairement vit hors de l’état du mariage [24] ». Après la définition vient l’étymologie, expliquée d’ordinaire d’une manière volontairement neutre, mais ici Mingard propose une interprétation pour ainsi dire « politique » de l’origine du mot célibat. Rallié, avec Diderot, au camp des ennemis du célibat religieux, Mingard manifeste son désaccord avec saint Jérôme et saint Augustin, qui adoptent une conception très céleste du célibat en assignant l’origine du mot à une étymologie latine. Mingard adopte de préférence une étymologie grecque, plus conforme à la réalité humaine, qui se rapporte uniquement aux « personnes qui ne se marient pas, quelle que soit d’ailleurs leur conduite relativement à la chasteté [25] ».

À partir de là, le texte de ce pasteur opiniâtre s’allonge interminablement, reprenant tous les arguments et les documents historiques pour et contre le célibat religieux, allant de l’Ancien Testament aux temps modernes en passant par plusieurs époques intermédiaires. Citons-en un exemple :

Une fausse philosophie qui isolant l’homme, lui fait chercher une prétendue perfection dans une science flétrie, dans une contemplation qui l’écarte de lui-même et de ses semblables, qui le rend insensible et froid pour ce qui touche la société, à laquelle il doit tout, porta les disciples de Thalès, de Pythagore, de Démocrite, de Platon, de Zenon Citien, d’Épicure, à préférer le célibat au mariage, sous prétexte que celui-ci distrayait trop le philosophe, en le portant à s’occuper trop de ses sens et des affaires de la vie, ce qui l’empêchait de se livrer tout entier à l’étude de la sagesse et aux méditations profondes de la philosophie [26].

Un des arguments efficaces de Mingard contre le célibat ecclésiastique est tiré du Chapitre VII de la Première Épître aux Corinthiens, où Saint Paul prône, à titre exceptionnel, les bienfaits du mariage. Plus généralement, il convoque avec insistance les actes et paroles des premiers apôtres, afin de souligner qu’ils étaient tous mariés [27]. Il en tire la conclusion sans appel que la loi « qui défend le mariage au clergé est une loi humaine, contraire à l’Évangile, aux canons des premiers conciles généraux, à la pratique de l’Église primitive, et à la doctrine de tous les pères [28] ».

Pour finir, il se retourne abruptement vers Diderot, son modèle. Aux trois points de vue que ce dernier évoque au début de l’article CÉLIBAT de l’Encyclopédie parisienne, à savoir : 1°. eu égard à l’espèce humaine ; 2°. à la société ; 3°. à la société chrétienne, le pasteur suisse substitue un cadre quadripartite : 1°. Du célibat relativement à la nature (128 lignes) ; 2°. Du célibat considéré par rapport à la religion (173 lignes) ; 3°. Du célibat relativement aux mœurs (293 lignes) ; 4o. Du célibat relativement à l’état civil (49 lignes) [29].

Le déséquilibre de cette distribution du discours, la prépondérance massive qu’elle attribue aux « mœurs », révèlent sans la moindre ambiguïté le profond souci éthique qui anime ce pasteur rigoureux et obstiné.

VI Les deux éditions toscanes

Comment les Italiens du Nord ont-ils lu les articles de l’Encyclopédie parisienne ? Nous allons maintenant nous pencher sur la réception de l’article ADULTÈRE de l’Encyclopédie par ses annotateurs italiens transalpins.

Le premier tome de l’édition Lucques fut publié en 1758, juste avant la grande crise du dictionnaire parisien. Les encyclopédistes lucquois ne devaient pas l’ignorer, et il n’est pas difficile d’imaginer les efforts qu’ils ont dû déployer pour donner à leur publication l’allure d’une réfutation autant que celle d’une réimpression, de façon à surmonter toutes les difficultés que suscita le Saint-Siège. Ils rédigèrent une série d’additions ou de notes destinées à corriger le contenu même de l’Encyclopédie parisienne. Pour la majorité des collaborateurs ecclésiastiques italiens, tous les articles produits à Paris sur la morale et sur la religion étaient autant d’épreuves, de pierres de touche pour faire reconnaître aux lecteurs leur propre qualité de polémistes et d’apologistes.

Parmi les collaborateurs religieux, le Père Giovanni Domenico Mansi, signalé par un M, représente la figure de proue de l’équipe des encyclopédistes lucquois. Mansi rédigea trois notes pour l’article ADULTÈRE : une pour le texte d’Yvon et deux pour la partie assurée par Toussaint. La seule qui me semble digne d’intérêt est celle qui est insérée à la fin du texte d’Yvon. Les deux autres n’ont qu’une valeur superfétatoire, car le texte de Toussaint lui-même ne fait qu’emprunter aux dictionnaires préexistants. Mansi, dans cette note marginale, reconnaît avec Yvon tous les vices du célibat de débauche, tout en prenant soin de distinguer celui-ci du « célibat en soi-même » qui est, selon Saint-Paul, préférable à la vie conjugale. Évidemment, ce qui retient son attention dans la notion d’adultère, c’est celle de célibat, qu’elle implique. Diderot lui a consacré des développements circonstanciés dans son article CÉLIBAT, au deuxième tome de l’Encyclopédie, où il prend pour cible le célibat ecclésiastique, conséquence du vœu de chasteté, mais nuisible à la société car la chasteté entrave la propagation de l’espèce humaine. Ce volume avait paru en 1752, et il est quasiment certain que l’annotateur Mansi avait déjà lu l’article de Diderot avant d’annoter l’article ADULTÈRE d’Yvon. Il donnera aussi une note à l’article CÉLIBAT de Diderot, mais ici son apologie de la vie monastique s’appuie sur l’autorité d’un livre anglais, La Fable des abeilles de Mandeville. Le mariage, bien qu’en apparence favorable à la société, ne doit point être préféré au célibat de quelques particuliers.

Il n’y a pas longtemps qu’on a vu un livre où l’on prétend, que les vices publics apportent plus d’avantages aux commodités, & aux richesses d’une ville, que ne saurait faire les vertus publiquement exercées ; l’on ne doit cependant pas conclure de là, que les vices des particuliers doivent être permis [30].

Phrases incongrues où l’annotateur italien, timoré ou obscur, perd un peu le fil de son raisonnement, peut-être sous l’empire de ces lignes de Mandeville :

Quand donc je dis que les Vices sont inséparables des grandes sociétés, et que leur opulence, leur grandeur et leur puissance ne peuvent subsister sans eux, je ne veux point dire que les Particuliers coupables de ces Vices ne doivent point être toujours censurés ; moins encore qu’ils ne doivent pas être punis, lorsqu’ils poussent leur dérèglement jusqu’au crime [31].

Ces deux textes ne sont que superficiellement analogues, et assez divergents quant au fond : la note de Mansi est une apologie du célibat ecclésiastique, alors que le texte de Mandeville explique comment les vices privés, c’est-à-dire la consommation de richesses, se révèlent être des vertus collectives, aptes à stimuler l’activité économique. Mansi a mal choisi sa pièce justificative.

Venons-en maintenant à l’édition de Livourne. Sous la puissante protection du grand-duc de Toscane, et grâce au soutien moral des frères Verri de Venise, l’imprimeur Giuseppe Aubert publia le premier tome fin 1769. Intéressons-nous toujours à l’article ADULTÈRE, accompagné de trois notes marginales qui recoupent exactement celles de l’édition lucquoise. Pour les deux notes ajoutées au texte de Toussaint, on ne voit pas de grande différence entre les deux éditions toscanes. Celle qui est jointe au texte d’Yvon est la seule qui donne lieu à des écarts conséquents, puisqu’elle atteint une longueur cinq fois plus importante dans la Livourne. L’annotateur anonyme, plus lucide que le Lucquois Mansi, veut pallier le manque de logique de celui-ci en multipliant les exemples concrets et les commentaires éclairants. Le célibat est nettement classé en deux catégories : le célibat des religieux, et le célibat d’intérêt ou de débauche. Le premier promet la perfection chrétienne, mais le second est un vice contraire à la fois à l’esprit de l’Évangile et au bonheur de la société. Ici, l’annotateur livournais veut réconcilier les exigences manifestement antagonistes de la foi chrétienne et de l’intérêt économique, en citant, à l’appui de sa thèse, non pas Mandeville, mais un livre de Mirabeau le physiocrate, L’Ami des hommes, ou traité de la population (1756-1757). D’après Mirabeau, la vraie richesse ne consiste que dans la population. Or la population dépend de sa subsistance, et la subsistance ne se tire que de l’agriculture. Ainsi pour Mirabeau, tout dépend de l’agriculture. C’est dans le deuxième chapitre de l’Ami des hommes, intitulé « La mesure de la Subsistance est celle de la Population [32] », que l’encyclopédiste livournais puise tous ses arguments en faveur de l’apologie du célibat. Écoutons Mirabeau. Pourquoi la dépopulation ? « On ordonnait des mariages, on récompensait la paternité, on flétrissait le célibat : c’est fumer, c’est arroser son champ sans le fermer, & en attendre la récolte ». La vraie cause de la dépopulation ? « C’est la décadence de l’agriculture d’une part, de l’autre le luxe & le trop de consommation d’un petit nombre d’habitants, qui sèche dans la racine le germe de nouveaux citoyens […]. Cessons donc de nous égarer sur ce principe. Ce n’est ni le célibat, ni la guerre, ni la navigation qui dépeuplent un État ; au contraire. Je vais entreprendre la démonstration de ce paradoxe sur celui de ces trois ordres de choses qu’on abandonne le plus aisément en ce genre à une sorte d’anathème public [33] ». Or, il ne faut pas oublier que Mirabeau entend répliquer par ce livre à l’ouvrage de David Hume, Discours politiques, traduit en français en 1754 [34]. Dans son Discours X, « De la Population des Nations anciennes [35] », Hume se déclare l’ennemi du système monastique, mais réfute l’idée selon laquelle les couvents dépeuplent autant un état qu’on l’imagine communément. Les idées qu’il avance prennent le contrepied de la théorie physiocratique de Mirabeau ou de Jean-François Melon de Pradou, tous deux partisans de l’agriculture, le second ayant publié en 1734 un Essai politique sur le commerce.

Que l’on mesure bien la situation très compliquée et paradoxale dans laquelle l’annotateur livournais est pris à son insu. L’autorité qu’il allègue à l’appui de son apologie du célibat religieux est Mirabeau, l’un des premiers fondateurs de l’école des physiocrates, à laquelle Diderot, auteur de l’article CÉLIBAT aux accents antireligieux, n’était pas étranger, par sa fréquentation des Quesnay, Turgot, Le Mercier de la Rivière, etc. Au surplus, si l’on prend en compte la position physiocratique de Mirabeau face au mercantilisme de Hume, lequel s’employait à réfuter lui aussi la thèse des économistes français, le jeu de références et de renvois se complique, au point de faire de cette note marginale italienne un assemblage hétérogène d’éléments qui, si solide soit la cohésion formelle qui les lie, ne s’avèrent pas moins en discordance les uns avec les autres sur le plan logique. Ainsi la structure de la note livournaise peut être considérée comme le résultat d’une transformation de plusieurs autres codes, ou comme l’effet de l’interaction de trois composantes intertextuelles : une apostille à l’article d’Yvon, un discours relevant de l’apologétique traditionnelle, elle-même empruntée à d’autres dictionnaires antérieurs, et enfin le discours physiocratique puisé dans le livre de Mirabeau, où se réfracte déjà une pluralité de discours contemporains. Cette connexion intertextuelle, qui change la signification de chacun de ces énoncés en les associant dans la structure de l’annotation, peut être posée comme un « ensemble ambivalent », qui constitue une première approche de ce que pourrait être l’« unité discursive » du siècle des Lumières.

 

NOTES

[1] Jacques Proust, Diderot et l’Encyclopédie, Albin Michel, 1995 [éd. originale 1962], p. 471.

[2] Le mot est de Marie Leca-Tsiomis : Écrire l’Encyclopédie. Diderot : de l’usage des dictionnaires à la grammaire philosophique, Voltaire Foundation, Oxford, 1999, p. 230. Je dois à ce grand livre de synthèse tout particulièrement cette section.

[3] Antoine Furetière, Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots français, tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et des arts, à La Haye, et à Rotterdam, chez Arnout et Reinier Leers, 1690, t.1, p. 410.

[4] Le Dictionnaire de l’Académie, je dois l’avouer, n’a aucun intérêt pour mon investigation actuelle.

[5] Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots franҫais tant vieux que modernes, et les termes des sciences et des arts…, recueilli et compilé par Messire Antoine Furetière…, seconde édition, revue, corrigée et augmentée par Monsieur Basnage de Bauval. À la Haye et à Rotterdam, chez Arnoud et Reinier Leers, 1701.

[6] Cette hypothèse, assez convaincante, fut proposée par Michel Le Guern : « Le Dictionnaire de Trévoux (1704) », Cahiers de l’Association Internationale des Études Françaises, xxxv, 1983, p. 51-68.

[7] Dictionnaire universel franҫais et latin, contenant la signification et la définition, […] à Trévoux, chez Étienne Ganeau Libraire de Paris, et Directeur de l’Imprimerie de S. A. S., 1704.

[8] Dictionnaire de Trévoux, article ADULTÈRE, 1704.

[9] L’article ADULTÈRE du Dictionnaire de Trévoux, 1721.

[10] Ephraim Chambers, Cyclopædia, or, An universal dictionary of arts and sciences, London: Printed for J. and J. Knapton, 1728, 2 vols., t. 1, p. 176 b.

[11] Ibid., t.1, p. 37b-p.38a.

[12] Voir Yoichi Sumi, « <Atmosphere> et <Atmosphère> — Essai sur la Cyclopaedia et le premier Prospectus de l’Encyclopédie », Vérité et littérature au XVIIIe siècle, Mélanges offerts en l’honneur de Raymond Trousson, Paul Aron, Sophie Basch, Manuel Couvreur, Jacques Marx, Éric Van der Schueren, Valérie van Crugten-André (éd.), Paris, , Honoré Champion, 2001, p. 271-284.

[13] A supplement to Mr. Chambers’s cyclopædia or, Universal dictionary of arts and sciences, printed for W. Innys and J. Richardson, R. Ware, J. and P. Knapton, [et al.], London, 1753, 2 vol.

[14] Louis-Philippe May, « Histoire et sources de l’Encyclopédie d’après le registre des délibérations et de comptes des éditeurs et un mémoire inédit », Revue de synthèse, février 1938, no XV, p. 65.

[15] Lael Ely Bradshaw, « Ephraim Chamber’s Cyclopaedia », in Notable encyclopedias of the seventeenth and enghteenth centuries : nine predecessors of the Encyclopédie, Ed. Frank A. Kafker, SVEC 94, 1981, p. 123-140.

[16] Encyclopédie méthodique, […], Jurisprudence, dédiée et présentée à Monseigneur Hue de Miromesnil, Garde des Sceaux de France, tome deuxième, Paris : Panckouke ; Liège : Plomteux, 1783, p. 342b.

[17] Ibid., p. 352a-b.

[18] Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement appelé Dictionnaire de Trévoux…Nouvelle édition corrigée et considérablement augmentée, A Paris, par la compagnie des libraires associés, 1771, 8 vols. t. 2, p. 348b-349a.

[19] Ibid., t. 1, p. 126b-128b.

[20] Ibid., t. 1, Préface, p. XI.

[21] Abraham Joseph de Chaumeix, La petite encyclopédie, ou Dictionnaire des philosophes, ouvrage posthume d’un de ces messieurs, Anvers, Jean Gasbeck, 1771, p. 5.

[22] Encyclopédie ou dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines. Mis en ordre par M. De Félice. Yverdon, 42 vols., 1770-1780.

[23] Ibid., t. 8, p.201b-230a.

[24] Ibid., p. 201b-202a.

[25] Ibid., p. 202b.

[26] Ibid., p. 210b.

[27] Ibid., p. 213b.

[28] Ibid., p. 220b.

[29] Ibid., p. 222b-229a.

[30] Encyclopédie, ou, Dictionnaire raisonné des sciences : des arts et des métiers / par une société de gens de lettres ; mis en ordre et publié par M. Diderot … et quant à la partie mathématique, par M. d’Alembert, 2e édition, enrichie de notes, et donnée au public / par M. Octavien Diodati. Lucques : Vincent Giuntini, 1758-1771, 17 vols., t.1, p. 127, note (1).

[31] Bernard Mandeville, La fable des abeilles, traduit de l’anglais sur la 16e éd., volume 1, Londres, [1750], p. xxvi.

[32] Mirabeau, L’Ami des hommes ou traité de la population, nouvelle édition, 1759, p. 25-58.

[33] Encyclopédie : ou, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers / par une société de gens de lettres ; mis en ordre et publié par M. Diderot … et quant à la partie mathématique, par M. d’Alembert … 3ème éd., enrichie de plusieurs notes. À Livourne : Dans L’Imprimerie de la Société , 1770-1775, 17 vols., t. 1, p. 150-151, note (1).

[34] Discours politiques de Monsieur Hume traduit de l’anglais. Tome second, à Amsterdam, 1754.

[35] Ibid., p. 32-278, notamment p. 93-97, p. 164-165.

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