Tomber


Si je dois mourir

Tu dois vivre

Pour raconter mon histoire

Pour vendre mes affaires

Pour acheter un morceau de tissu

Et quelques ficelles

(fais-le blanc avec une longue traîne)

Pour qu’ainsi un enfant quelque part dans Gaza

En regardant le ciel dans les yeux

En attendant son père parti dans un éclat –

Sans dire adieu, à, personne

Pas même à sa chair

Pas même à lui-même –

Voie le cerf-volant, mon cerf-volant que tu auras fait,

Flottant là-haut

Et pense un instant qu’un ange est là

Pour faire revivre l’amour.
Si je dois mourir

Qu’il en naisse de l’espoir

Qu’il en reste une histoire.

Refaat Alareer

Poète, et professeur de littérature à l’université islamique de Gaza.

Tué le 6 décembre 2023, dans un bombardement ciblé de l’appartement où il s’était réfugié, chez sa sœur.

Quand nous, Français, disons : Laisse tomber, les Italiens eux disent : manda all’aria… = envoie en l’air… ! Lance en l’air !

Drôle d’inversion spatiale pour la même idée… !

 

Ce poème et ce passage surprenant d’une culture à une autre m’ont fait immédiatement penser à toi. Bien sûr !

Toi qui ne cessais de tomber et de te casser…

A tomber en regardant le ciel et non pas la terre qui, parfois, se dérobe à nos pas.

Il n’en reste pas moins que l’amour est le plus beau des cerfs-volants…

L’amitié aussi…

Alors, s’il te plait Marie, regardes, un peu, où tu poses les pieds… !

Annick

 

Auteur/autrice

Retour en haut